Le litige entre la République démocratique du Congo (RDC) et la société australienne AVZ Minerals concernant le gisement stratégique de lithium de Manono connaît un nouveau tournant. Après l’échec des négociations, AVZ a relancé, le 24 juin 2025, la procédure d’arbitrage contre l’État congolais devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Le différend remonte à 2023, lorsque le ministère congolais des Mines a révoqué le permis d’exploitation d’AVZ, lui reprochant un manque de progrès dans le développement du projet. Les droits ont ensuite été transférés à une filiale du groupe chinois Zijin Mining, poussant AVZ à engager deux procédures distinctes : la première devant le CIRDI, pour un arbitrage investisseur-État, et la seconde devant la Cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI), qui a condamné en mars 2025 la société publique congolaise Cominière à verser 39,1 millions d’euros pour rupture de contrat.
Début mai 2025, un accord-cadre avait été signé avec la société américaine KoBold Metals, soutenue notamment par Bill Gates et Jeff Bezos. Cet accord prévoyait la suspension des procédures d’arbitrage jusqu’au 23 juin, en vue d’un possible rachat des parts d’AVZ dans le projet Manono par KoBold, moyennant compensation.
Mais selon AVZ, aucune discussion n’a été engagée par les autorités congolaises durant cette trêve, entraînant la reprise automatique de l’arbitrage devant le CIRDI le 24 juin.
Cette relance de la procédure pourrait compromettre l’accord potentiel avec KoBold Metals et intervient dans un contexte diplomatique sensible. Washington, qui avait facilité la suspension des poursuites, pousse à une résolution du conflit dans le cadre de son partenariat sécuritaire et minier avec la RDC.
Pour Kinshasa, ce contentieux devient un test de sa capacité à garantir la sécurité juridique des investissements étrangers, dans un climat de nationalisme croissant autour des ressources naturelles. L’issue de cette bataille juridique pourrait influencer l’accès à un gisement estimé capable de fournir jusqu’à 10 % du lithium mondial d’ici 2030.