Dans un communiqué publié récemment, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) tire la sonnette d’alarme sur la gestion de la ville de Kinshasa sous le mandat de l’ancien gouverneur Gentiny Ngobila. S’appuyant sur le rapport d’audit de la Cour des comptes de septembre 2024 et sur d’autres sources indépendantes, l’ODEP dresse un tableau accablant d’une gouvernance gravement entachée par la spoliation systématique des ressources publiques de la ville, en complicité avec Godé Mpoyi, ancien président de l’Assemblée provinciale.
Premier point noir de cette mauvaise gestion : la reconstruction du Marché central de Kinshasa, confiée à la société SOGEMA. Selon l’ODEP, ce partenariat public-privé s’apparente davantage à une opération de prédation qu’à un véritable projet de développement.
SOGEMA, société sans capital de départ ni expérience avérée dans le domaine, s’est en effet vue octroyer un contrat de 25 ans lui permettant de percevoir l’intégralité des revenus générés par le Marché central de Kinshasa. Et ce, sans obligation d’investissement propre et sans mécanisme clair de partage avec la ville. Kinshasa assume tous les risques, tandis que SOGEMA engrange les bénéfices dans une opacité totale.
L’ODEP révèle également l’existence d’un système de corruption bien installé au sein de l’Assemblée provinciale. Plus de 215 millions de CDF auraient été versés illégalement à son président, Godefroid Mpoyi, afin d’affaiblir tout contrôle parlementaire sur l’exécutif provincial. L’institution, censée garantir la redevabilité, se serait ainsi transformée en instrument de complicité.
Le rapport pointe en outre une absence quasi totale de transparence dans la gestion des finances publiques. Les organes de gouvernance prévus par la loi n’auraient jamais été mis en place, facilitant les détournements massifs de fonds, sans qu’aucune enquête ni sanction ne soit engagée.
Face à ces constats, l’ODEP formule une série de revendications :
• L’ouverture de poursuites judiciaires contre Gentiny Ngobila pour détournement, corruption et enrichissement illicite ;
• Une enquête approfondie sur les paiements effectués à Godefroid Mpoyi ;
• La publication intégrale des contrats signés avec les sociétés SOGEMA et ALBAYRAK ;
• Le remboursement des fonds détournés ;
• La suspension du paiement de toutes les dettes jugées illégitimes ;
• La mise en place d’un audit citoyen indépendant pour établir les responsabilités.
L’ODEP conclut sans détour que le mandat de Gentiny Ngobila aura été « calamiteux, illégal et prédateur ». Au-delà du gaspillage des deniers publics, l’organisation dénonce une gouvernance ayant mis en péril les services sociaux de base et freiné le développement de la capitale.