La République démocratique du Congo a célébré les dix ans de la libéralisation de son secteur des assurances. Initiée par la promulgation du Code des assurances le 17 mars 2015, cette réforme majeure an mis fin au monopole de la Société nationale d’assurances (SONAS), ouvrant la porte à une concurrence longtemps attendue. Désormais, une douzaine de compagnies privées et une trentaine de courtiers se partagent le marché, dans un cadre juridique qui rend obligatoires certaines assurances, notamment celles des véhicules automoteurs et des risques de construction.
Un souffle nouveau pour l’économie congolaise
D’un point de vue économique, la réforme a apporté un vent de modernisation. La collecte cumulée des primes d’assurance a atteint 355 millions de dollars en dix ans, tandis que le secteur a contribué à la création de milliers d’emplois. L’ouverture du marché a aussi eu un effet catalyseur sur l’attractivité du pays, attirant des investissements étrangers et améliorant le climat des affaires. Pour un pays longtemps marginalisé sur le plan économique, cette dynamique représente une avancée significative.
Un marché encore trop étroit
Mais ces progrès ne sauraient masquer les faiblesses structurelles du secteur. La pénétration de l’assurance reste faible dans la population, en grande partie à cause d’un manque de culture en la matière. Nombreux sont ceux qui ignorent encore leurs obligations, tandis que les pratiques d’évasion des primes sont loin d’avoir disparu. De surcroît, le contrôle et la régulation peinent à suivre, laissant le champ libre à des abus et à des défaillances dans l’application des normes.
Une nouvelle étape législative en vue
Face à ces limites, le gouvernement envisage une révision du Code des assurances. Objectif : renforcer l’efficacité du cadre légal, étendre la couverture du secteur grâce à des outils comme la micro-assurance, et améliorer les mécanismes de contrôle. La sensibilisation du public et la lutte contre l’informel figurent également parmi les priorités identifiées.
Un tournant à ne pas manquer
Dix ans après une ouverture saluée, le secteur des assurances en RDC arrive à un tournant décisif. Le cap de la libéralisation est passé ; reste à bâtir une industrie robuste, inclusive et crédible. La réussite des réformes à venir conditionnera l’avenir d’un secteur à fort potentiel, encore loin d’avoir révélé toute sa puissance de transformation.