_Par Adela Manema Esther_
Le désenclavement du territoire de Walikale, desservi par la route nationale numéro 3 et situé à 236 km à l'ouest de la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, a été au centre des échanges jeudi au gouvernorat de cette province, entre l’exécutif provincial et un élu de cette entité.
Le territoire de Walikale, qui a vécu presque toute l’histoire des conflits armés dans cette partie orientale du pays, reste une terre très convoitée suite à ses nombreuses richesses. Il a plusieurs minerais dont l’étain, l’or, le wolframite, le coltan (Nb-Ta), les pierres de couleur (améthyste, tourmaline et corindon), et les terres rares comme la monazite ainsi qu’une terre très fertile pour l’agriculture.
Entre 2019 et 2022, le territoire de Walikale a produit plus de 48.000 tonnes d’étain, une production qui avait généré plus de 610 millions USD.
Mais malheureusement, à cause de son réseau routier catastrophique, le territoire reste enclavé. Un problème qui a des conséquences économiques pour la population, selon la société civile, qui a expliqué que suite à l’impraticabilité de la route, les gens passent des semaines pour atteindre la ville de Goma, pour un trajet qui pourrait faire huit heures. Une situation qui occasionne des pillages de ressources, des vols à main armée et fait à ce que ce riche territoire au centre de quatre provinces de l’est de la RDC, ne contribue pas au développement des provinces environnantes, à savoir : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Maniema et le Tshopo.
A en croire le député national Michel Moto qui a eu des échanges jeudi 23 août, avec le gouverneur, le général-major Peter Chirimwami Nkuba, la réhabilitation de la route qui part de Bukavu, passant par Hombo-Itebero-Walikale-Kisangani, traversant les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et la Tshopo, va permettre le désenclavement total de ce grand territoire.
«La question de l’enclavement du territoire de walikale, me touche à cœur, c'est ainsi nous avons évoqué la question de la réhabilitation de l’aérodrome de Walikale où nous sommes au niveau de son homologation, car il a déjà répondu à toutes les conditions techniques, mais aussi de la réhabilitation de la route nationale numéro 3, une route très stratégique qui est en état de délabrement très avancée», a déclaré cet élu du territoire.
Il a précisé qu'ils ont déjà entamé des plaidoyers au niveau du gouvernement central pour la mise en service de cette route très stratégique d’intérêt national et que le gouverneur de province a rassuré son appui et son soutien total aux côtés de la population.
«A cette rentrée parlementaire qui s’annonce, bien qu’elle soit budgétaire, nous allons renforcer encore notre mission pour pouvoir mettre en avant les inquiétudes de la population, leur demande, ce qui touche directement le problème de la population», a-t-il précisé.
En 2009, la RDC avait mis en place un Fonds national d’entretien routier (FONER), qui devait à moyen terme réhabiliter 5 % des routes du pays, soit 7.500 kilomètres sur un total de 152.400 kilomètres. Il faudra mener aujourd’hui des études pour tirer des conclusions quant à la réalisation.
Parmi les solutions à long terme proposées par les acteurs de la société civile de Walikale, figurent notamment la construction d’une route en asphalte et un suivi régulier pour son amélioration quotidienne, tout en espérant que ces échanges du gouverneur avec l’élu du territoire vont toucher l’assentiment du gouvernement central. -
Pour rappel, en 2016, les autorités du Nord-Kivu avaient choisi Walikale pour célébrer le 56ème anniversaire de l’indépendance de la RDC. La route avait été réhabilitée, à cette occasion, et des responsables avaient assuré qu’ils allaient prendre des mesures pour l’améliorer davantage. Mais juste après les festivités, plus rien n’était fait, et revoilà encore à la phase des plaidoyers.