Depuis le 27 avril 2025, une délégation conjointe de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) séjourne à Doha, à l’invitation du gouvernement qatari. Cette mission intervient dans un contexte particulièrement tendu, quelques jours après la signature d’un communiqué conjoint entre Kinshasa et les délégués de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, dans le cadre des efforts visant à résoudre la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo.
La présence de la CENCO et de l’ECC dans la capitale qatarie s’inscrit dans une initiative de promotion de la paix et de la réconciliation dans la région des Grands Lacs. Forte de son expertise en médiation et en résolution pacifique des conflits, la délégation porte le projet ambitieux intitulé « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». L’objectif affiché : mobiliser la population congolaise pour renforcer la cohésion sociale et faire face à l’insécurité persistante dans l’Est du pays.
Dans cette dynamique, l’initiative entend être inclusive, en impliquant les communautés locales, les forces politiques, la société civile ainsi que les représentants des pays voisins.
Si cette démarche bénéficie du soutien de plusieurs forces politiques de l’opposition et d’organisations internationales, elle suscite néanmoins des réserves du côté du pouvoir en place à Kinshasa. Ce dernier, préférant des initiatives de paix pilotées par des cadres régionaux ou internationaux, voit d’un mauvais œil l’implication directe des confessions religieuses dans le processus politique.
Le Qatar, qui endosse ici un rôle de médiateur, tente de s’imposer comme acteur de la diplomatie dans la région. Toutefois, des analystes relativisent l’impact de cette médiation, pointant le manque d’expérience du Qatar dans les affaires des Grands Lacs ainsi que ses intérêts économiques encore limités sur le continent africain.
Le séjour de la CENCO et de l’ECC à Doha marque donc une étape dans la recherche de solutions inclusives et pacifiques à la crise congolaise. Il met en lumière les tensions entre différentes visions de la paix, oscillant entre initiatives nationales, engagements religieux et médiations internationales.